Root Café: Autopsie d’un projet entrepreneurial prometteur.

Levons le voile sur la chute du Root Café. Conseils pour les entrepreneurs africains

Autour de moi, la question s’est fait entendre à plusieurs reprises. Qu’est-il arrivé au Root Café. Pour ceux qui savent que j’étais intimement lié au projet, branding, design d’intérieur, communication, marketing… Ceux qui savent que c’est sueur et sang qui ont dû couler pour enfanter ce magnifique bébé, me demandent encore au détour d’un café… Mais où est passé le Root café. Après plusieurs années à faire la sourde oreille, je livre aux intimes la raison de la chute du Root, mais surtout je me servirai de cette tribune pour partager un conseil aux entrepreneurs et autres brand managers qui évoluent dans nos environnments négro-africains. Autopsie.

Steve Tchoumba et l’ambitieux projet Root Café

Tout a commencé par une idée simple. Steve Tchoumba, mon boss chez Activspaces et ami de longue date, cherche une idée d’investissement. Une idée cool. Au même moment, mon jeune stagiaire qui finit ses classes en design graphique à mes côtés est sur le projet de fin de stage que je lui ai confié. Le branding d’un concept store, qu’il doit développer de A à Z. Les premiers éléments prennent forme, et l’occasion est trop belle pour être loupée. Steve décide de donner vie à ce projet et de réunir les fonds nécessaires au lancement.

Le défi de l’originalité à tous les niveaux

L’ambition était de faire quelque chose d’original. A tous les niveaux. Et rien n’était laissé au hasard. Le couloir qui nous a été cédé en guise de local semblait inapproprié, mais vu qu’on voulait faire original, ça nous y obligeait. J’ai dû penser à une architecture d’intérieur qui allait permettre d’accueillir le maximum de personnes, sans rien sacrifier au confort. Les finitions étaient impeccables, la déco au top. Il y avait même le coin bibliothèque que j’ai conçu pour faciliter l’échange humain. La bibliothèque qui était fournie de livres apportés par des clients, que je remercie vivement ici pour leur participation.
Le menu était tout aussi original. Des pains chargés (les occidentaux disent les sandwiches mais bon). Des cafés, des smoothies et des surprises comme un bon plat de koki chaud qui pouvaient nous tomber sous la cravate entre midi et deux une fois par semaine.

Branding et communication, OK

Honnêtement, l’adhésion du public a été bonne, mais surtout rapide. Il y a eu souvent quelques personnalités publiques, des habitués des lieux aussi, mais surtout une envie de ne jamais verser dans la routine. Nous y avons organisé des speed dating, des after parties, des séances dédicaces d’œuvre d’art, des spectacles de stand up, dont la toute première présentation de Stephan Dipita, avec Julien Eboko. Bref, c’était l’une des 1000 places to see before you die.
En termes de branding, c’était l’un des jobs que j’ai le plus apprécié mettre en place. Énormément de feedback positifs et surtout une expérience de marque qui collait exactement avec ce qui était attendu. Chaleureux, inclusif, cosy, et surtout authentique.

Echec du personnel

Malheureusement avoir un branding correct et une communication bien huilée, ce n’est pas toujours suffisant. La qualité du personnel dans les métiers du service est un élément primordial. Formés au service, oui. Formés à la tenue de l’établissement, oui. Tout y était. Mais se sentir partie intégrante de l’organisation, c’est autre chose. L’éthique de travail, le respect de l’établissement, la volonté de voir grandir la structure et se voir grandir avec, ne serait-ce que le temps d’une année, aujourd’hui c’est beaucoup trop demander à un jeune à qui on a voulu donner une chance. Ça pique dans la caisse, ça bidouille les chiffres, ça deale avec les fournisseurs, et à la longue s’ensuit une gestion du service à la clientèle en perte de vitesse.

La solution clé

Si quelque chose a foiré, ce n’est clairement pas du ressort de la qualité des produits, du branding autour, ou des aspects de marketing et de la communication. Non. Quand vous montez un business, vous devez avoir une équipe fiable sur laquelle vous pouvez vous appuyer, et pas juste sur le plan des compétences. C’est un aspect critique. Le processus d’onboarding est une étape importante, pour aligner le staff sur la vision et l’éthique, au point d’en faire une culture d’entreprise qui pourra se répliquer spontanément à mesure que les équipes se renouvellent.

Pour avoir un staff efficace et performant sur la durée, il faut au-delà des aspects techniques, identifier 3 softs skills chez vos recrues, en phase de test/recrutement:
– l’intelligence relationnelle
– la résolution de problèmes
– la métacognition ou plus simplement la capacité à apprendre de soi-même pour s’adapter.
Ces compétences de base sont nécessaires pour avoir des individus qui progressent en faisant progresser l’organisation.

Ce dernier conseil, d’aucun feront des MBA à Stanford, Berkeley ou HEC pour apprendre cela. Et ils auront bien raison. Les autres, nous, l’apprendront à l’expérience, sur le terrain, au prix d’échecs parfois cuisants. Mais cette expérience n’a pas de prix, et je me ferai toujours un plaisir de la partager ici avec vous.

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